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Ce que la discrimination fait aux jeunes des minorités sexuelles et de genre

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Jet d'Encre

Article publié par Joséphine Anne Gut le 30 mars 2020 sur Jet d’encre

Le 9 février 2020, 63,1% des votant·e·s ont accepté l’extension de la loi anti-discrimination à l’orientation sexuelle en Suisse. Mais si ce résultat « représente une victoire significative contre l’intolérance et les injustices, de nombreuses autres mesures doivent être prises, notamment en ce qui concerne les violences faites aux jeunes trans*, » écrit Joséphine Anne Gut.

“I’ll be hurt either way. Isn’t it better to be who I am ?”1, assène le personnage d’Eric, interprété par Ncuti Gatwa, dans la première saison de la série Sex Education. Dans cette scène, Eric est en train de surmonter le traumatisme d’une agression homophobe, et qui l’a poussé, pendant un temps, à se censurer et se cacher, par peur des répercussions potentielles. Que ce soit en effet à l’écran ou dans la vraie vie, les discriminations constituent un risque considérable pour la santé physique et mentale des jeunes des minorités sexuelles et de genre. En Suisse, iels présentent des taux de suicide, de dépression et d’anxiété plus élevés que leurs pairs hétérosexuel.le.s et/ou cisgenres. Et si l’extension de la loi anti-discrimination à l’orientation sexuelle représente une victoire significative contre l’intolérance et les injustices, de nombreuses autres mesures doivent être prises, notamment en ce qui concerne les violences faites aux jeunes trans*. C’est en alliant les savoirs théoriques issus des études genre aux guidelines pratiques établies par STOP SUICIDE, spécialisé dans la prévention du suicide chez les jeunes, que je vous propose de traiter de la sursuicidalité des jeunes des minorités sexuelles et de genre, un phénomène révélateur d’inégalités sociales profondes. Comment en parler de manière sensible et responsable, sans renforcer des préjugés dangereux pour les concerné.e.x.s ? Et, surtout, comment agir ?

image : amnestylgbtqunil

Prévenir le suicide chez les groupes à risques

Il est nécessaire de parler du suicide, si l’on veut espérer l’enrayer. Depuis vingt ans, STOP SUICIDE, porte ce message : ce n’est jamais en ignorant ou en invisibilisant les souffrances des jeunes que ceux-ci ont pu être efficacement pris en charge, soutenus et soignés. Le risque suicidaire doit être abordé et déstigmatisé activement afin de permettre aux personnes qui y sont confrontées d’accéder aux ressources qui leur permettront de s’en sortir, ainsi qu’aux causes structurelles sous-jacentes d’être identifiées et combattues. En effet, si le passage à l’acte est individuel, le contexte socio-culturel, ainsi que la nature et la qualité des politiques de prévention et de prise en charge des jeunes en situation de crise, ont également leur rôle à jouer. C’est-à-dire : des éléments extérieurs à l’individu constituent des facteurs de protection (diminuant le risque suicidaire) ou des facteurs de risques (contribuant à rendre certaines personnes plus vulnérables). Au cours de la dernière décennie, de nombreuses recherches ont permis de démontrer l’existence de facteurs de risques touchant spécifiquement les jeunes des minorités sexuelles (dont l’orientation sexuelle est autre qu’hétérosexuelle) et de genre (dont l’identité de genre ne correspond pas exclusivement au sexe qui leur a été assigné à la naissance).

Ces études, qui rendent compte de taux de suicide, de dépression et de troubles anxieux plus élevés parmi les jeunes non-hétérosexuel.le.s et/ou trans*, dénoncent un état de fait inacceptable, qui nécessite l’intervention d’acteurs publics et privés. Elles sont tout à fait capitales dans l’ajustement des programmes de sensibilisation et de prévention du suicide chez les jeunes. De même, elles peuvent servir à alarmer les écoles et les hôpitaux, lieux où les jeunes des minorités sexuelles et de genre disent faire face à de nombreuses discriminations2 et à rappeler que ces institutions doivent assurer l’égalité des chances à tous les élèves, et l’égalité de traitement à tous les patient.e.s. Dans toute la Suisse, des associations se sont saisies de ce problème social et proposent des groupes de parole pour les jeunes des minorités sexuelles et de genre3. A Genève, Le Refuge propose une permanence pour les jeunes en crise.

Mais, si ces statistiques peuvent servir à alerter les instances publiques et à légitimer les actions des associations engagées pour les jeunes des minorités sexuelles et de genre et/ou la santé mentale des jeunes, elles doivent être soigneusement contextualisées, expliquées, encadrées – au risque, sinon, de finir par causer plus de mal que de bien.

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Article publié par Joséphine Anne Gut le 30 mars 2020 sur Jet d’encre

Le 9 février 2020, 63,1% des votant·e·s ont accepté l’extension de la loi anti-discrimination à l’orientation sexuelle en Suisse. Mais si ce résultat « représente une victoire significative contre l’intolérance et les injustices, de nombreuses autres mesures doivent être prises, notamment en ce qui concerne les violences faites aux jeunes trans*, » écrit Joséphine Anne Gut.

“I’ll be hurt either way. Isn’t it better to be who I am ?”1, assène le personnage d’Eric, interprété par Ncuti Gatwa, dans la première saison de la série Sex Education. Dans cette scène, Eric est en train de surmonter le traumatisme d’une agression homophobe, et qui l’a poussé, pendant un temps, à se censurer et se cacher, par peur des répercussions potentielles. Que ce soit en effet à l’écran ou dans la vraie vie, les discriminations constituent un risque considérable pour la santé physique et mentale des jeunes des minorités sexuelles et de genre. En Suisse, iels présentent des taux de suicide, de dépression et d’anxiété plus élevés que leurs pairs hétérosexuel.le.s et/ou cisgenres. Et si l’extension de la loi anti-discrimination à l’orientation sexuelle représente une victoire significative contre l’intolérance et les injustices, de nombreuses autres mesures doivent être prises, notamment en ce qui concerne les violences faites aux jeunes trans*. C’est en alliant les savoirs théoriques issus des études genre aux guidelines pratiques établies par STOP SUICIDE, spécialisé dans la prévention du suicide chez les jeunes, que je vous propose de traiter de la sursuicidalité des jeunes des minorités sexuelles et de genre, un phénomène révélateur d’inégalités sociales profondes. Comment en parler de manière sensible et responsable, sans renforcer des préjugés dangereux pour les concerné.e.x.s ? Et, surtout, comment agir ?

image : amnestylgbtqunil

Prévenir le suicide chez les groupes à risques

Il est nécessaire de parler du suicide, si l’on veut espérer l’enrayer. Depuis vingt ans, STOP SUICIDE, porte ce message : ce n’est jamais en ignorant ou en invisibilisant les souffrances des jeunes que ceux-ci ont pu être efficacement pris en charge, soutenus et soignés. Le risque suicidaire doit être abordé et déstigmatisé activement afin de permettre aux personnes qui y sont confrontées d’accéder aux ressources qui leur permettront de s’en sortir, ainsi qu’aux causes structurelles sous-jacentes d’être identifiées et combattues. En effet, si le passage à l’acte est individuel, le contexte socio-culturel, ainsi que la nature et la qualité des politiques de prévention et de prise en charge des jeunes en situation de crise, ont également leur rôle à jouer. C’est-à-dire : des éléments extérieurs à l’individu constituent des facteurs de protection (diminuant le risque suicidaire) ou des facteurs de risques (contribuant à rendre certaines personnes plus vulnérables). Au cours de la dernière décennie, de nombreuses recherches ont permis de démontrer l’existence de facteurs de risques touchant spécifiquement les jeunes des minorités sexuelles (dont l’orientation sexuelle est autre qu’hétérosexuelle) et de genre (dont l’identité de genre ne correspond pas exclusivement au sexe qui leur a été assigné à la naissance).

Ces études, qui rendent compte de taux de suicide, de dépression et de troubles anxieux plus élevés parmi les jeunes non-hétérosexuel.le.s et/ou trans*, dénoncent un état de fait inacceptable, qui nécessite l’intervention d’acteurs publics et privés. Elles sont tout à fait capitales dans l’ajustement des programmes de sensibilisation et de prévention du suicide chez les jeunes. De même, elles peuvent servir à alarmer les écoles et les hôpitaux, lieux où les jeunes des minorités sexuelles et de genre disent faire face à de nombreuses discriminations2 et à rappeler que ces institutions doivent assurer l’égalité des chances à tous les élèves, et l’égalité de traitement à tous les patient.e.s. Dans toute la Suisse, des associations se sont saisies de ce problème social et proposent des groupes de parole pour les jeunes des minorités sexuelles et de genre3. A Genève, Le Refuge propose une permanence pour les jeunes en crise.

Mais, si ces statistiques peuvent servir à alerter les instances publiques et à légitimer les actions des associations engagées pour les jeunes des minorités sexuelles et de genre et/ou la santé mentale des jeunes, elles doivent être soigneusement contextualisées, expliquées, encadrées – au risque, sinon, de finir par causer plus de mal que de bien.

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