À nous de jouer !

DE

Le fanzine qui fait Mouche !

Publié par
EPIC-Magazine

Par Julie Marti, publié le 17 juin 2020
Voir l’article source sur EPIC

© Moru

Le fanzine La Mouche propose depuis presque six ans de découvrir le travail d’artistes actifs dans l’illustration et le dessin. BD, caricature, dessin de presse… Le but est de regrouper et de partager le travail d’artistes locaux autour d’une thématique. Rencontre avec Stéphanie Probst, à l’initiative du trimestriel et de son manifeste.

L’artiste et photographe genevoise Stéphanie Probst a toujours apprécié les fanzines (un fanzine est une publication réalisée majoritairement par des amateurs passionnés pour d’autres passionnés, ndlr), en les collectionnant au fur et à mesure. Elle souhaitait mettre sur pied un projet qui montrerait le travail des autres artistes à travers diverses contributions.

Qu’est-ce que la Mouche ? Pourriez-vous nous présenter le projet ?

La Mouche est un journal participatif et libre, un fanzine, fondé en 2014. Il s’agit d’un projet éditorial permettant à toute personne désireuse de partager un contenu de le faire via le journal. Le premier numéro est sorti en octobre 2014 lors du Monstre festival (festival de microédition et sérigraphie à l’Usine). À l’origine, il y a le manifeste, qui se répète dans chaque numéro en première page et qui sert de fil conducteur au projet. La Mouche est collectif, horizontal, libre et à but non lucratif.

Première volume du fanzine

Pourquoi avoir lancé ce fanzine ?

En tant que photographe, j’avais parfois envie de partager un dessin, une image, quelque chose qui ne rentrait pas forcément dans ma pratique d’artiste ou de photographe. J’ai cherché un fanzine qui prendrait ces pages irrégulières mais je n’ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais en termes de fonctionnement ou de contenu. Il fallait donc en inventer un !

J’ai écrit le manifeste qui résume l’essence du fanzine : collectif, créatif, libre. J’ai rassemblé quelques personnes créatives de mon entourage et lancé l’appel à projet. Ensuite la publication s’est un peu affinée avec le temps et l’expérience. Depuis il sort tous les 3-4 mois (c’est un peu mon hobby) et je reçois toujours suffisamment de contenu pour le perpétuer. Il semble que ça continue à plaire puisque les quelques 200 exemplaires par numéro sont généralement écoulés assez vite.

Pourquoi ce nom ?

C’est une petite obsession personnelle, au départ. La mouche est un animal un peu insignifiant et pas tellement impressionnant, pourtant on en trouve partout de manière universelle. Et c’est un animal tout petit, qui peut être très agaçant et difficile à ignorer. C’est un peu l’idée que je me fais du fanzine. Ça n’a l’air de rien mais ça a un impact, ça se promène, ça se multiplie… De plus, le journal « vole » de ses propres ailes une fois que je le dépose dans les divers lieux qui le distribuent.

Quelles sont les valeurs autour de la Mouche ?

Les valeurs fondamentales du journal sont la liberté, la créativité, le partage, le respect. Un autre aspect important est le mode de diffusion, de financement et de distribution : totalement indépendant et à prix libre, sans profit. L’horizontalité est importante également. Il n’y a pas de hiérarchie, personne n’a plus de droits qu’une autre et toutes peuvent participer. La seule limite étant que je distribue de manière équitable la place de chaque création dans le journal. Tout le monde y a sa place, quel que soit son âge, sa technique, son statut. Le cadre est fixé par le manifeste, je ne prends pas plus de décisions que cela. Je pense que c’est ce qui plaît aux personnes qui le lisent : chacun y trouve son compte.

Comment sont déterminées les thématiques abordées ?

Les thématiques sont un peu choisies aléatoirement. J’essaie de traiter des thèmes un peu flous ou d’actualité. Au début il n’y en avait pas. Pour le premier numéro, les personnes qui ont participé ont spontanément joué avec le nom du fanzine : La Mouche (c’est d’ailleurs un motif récurrent !). Ensuite, j’ai voulu laisser complètement libre les participants mais j’ai constaté que cela induisait un effet « page blanche », et un certain frein à la création.

Finalement, le thème est un prétexte, on le suit si ça nous inspire, et si ça ne plaît pas, on fait autre chose. C’est une amorce pour la création, ce n’est pas un critère obligatoire. C’est un peu comme prendre une décision à pile ou face : peu importe le résultat, on sait ce que l’on veut quand on n’est pas content du choix final.

Comment se passe la sélection des œuvres ? Qui peut participer ?

Tout le monde peut participer ! Il n’y a pas de sélection, pas de censure. Je prends tout ce que l’on m’envoie et j’essaie de trouver un équilibre et une cohérence entre chaque personne au fil des pages pour faire un journal. La mise en page est une sorte de puzzle à résoudre, un travail de collage, de narration. Je dis parfois que je « tricote » tout ça ensemble. Selon la quantité de pages que je reçois, il faut parfois faire des choix. Une nouvelle ou une BD ne peut pas toujours être raccourcie mais si quelqu’un m’envoie dix pages d’illustrations, on va en choisir une à trois selon la quantité de pages disponibles. Il faut aussi trouver un équilibre pour donner la même place à chacune et chacun. Je suggère parfois celles qui me plaisent mais je laisse toujours la personne prendre la décision finale, c’est un dialogue.
Au départ on m’a mise en garde : « on va t’envoyer des contenus limites, des choses provocantes »… mais ce n’est jamais arrivé !

© Dick Hollywood

Si je reçois des contenus haineux ou discriminants, j’aurais évidemment un problème à les publier. À ce moment-là, j’essaierais de dialoguer mais j’ai aussi rédigé une charte éthique à laquelle je pourrais recourir si besoin. Je préfère laisser la liberté plutôt que d’interdire. Si on veut participer, je pars du principe que chacune et chacun proposera son meilleur.

Vous faites aussi des vernissages à chaque parution, est-ce un moyen de mettre en relation les différent.e.s contributeur.trice.s ?

Les vernissages servent aussi à financer le journal, d’une part, et de rassembler les contributrices et les contributeurs d’autre part. Moi-même je reçois souvent des mails de personnes que je ne connais pas et cela fait plaisir de pouvoir se rencontrer en chair et en os. J’aime rassembler les gens : les personnes se côtoyant dans les pages du journal vont pouvoir se rencontrer, discuter et pourquoi pas commencer à collaborer hors La Mouche. C’est aussi un moyen de remercier les gens qui m’envoient des contenus sans contrepartie et de faire rencontrer la publication et son public.

Les vernissages se déroulent dans des lieux que j’aime et j’essaie de les organiser à des endroits différents à chaque fois. Librairies, bars, magasins de disques, lieux alternatifs, galeries… ça permet de faire venir les gens dans pleins d’endroits cool. En plus du vernissage, j’invite un ou plusieurs artistes à jouer ou passer des disques et si le lieu le permet on fait aussi des expos collectives où les artistes peuvent présenter leur travail. Cela a l’avantage de donner plusieurs bonnes raisons de venir à l’événement. On discute, on boit un verre, on danse et on repart avec son journal à prix libre.

© Ariane Goetz

J’ai vu votre projet de Fanzinothèque, est-ce que vous pourriez en dire plus ?

Il y a quatre ans, je me suis réorientée professionnellement et j’ai entamé un diplôme de spécialiste en information documentaire. Comme j’ai un premier métier artistique, c’est tout naturellement que j’ai eu envie de développer un projet de bibliothèque avec comme matériau les livres d’artistes et les fanzines. Il y a peu d’initiatives dans ce sens en Suisse et j’ai donc travaillé sur ce sujet pour mon mémoire. Pour le moment il ne s’agit que d’un fonds privé (ma bibliothèque), d’une page Facebook et d’un Instagram ou je recense les parutions, les achats, les événements en lien avec les fanzines et la microédition en général.

Je suis en train de cataloguer de manière professionnelle ma collection et je souhaite la rendre disponible ponctuellement et sous la forme d’un catalogue en ligne. C’est un work in progress mais j’espère qu’à terme je pourrai débloquer une aide pour ouvrir un lieu autonome et convivial dédié aux fanzines. Cette collection tiendrait lieu d’archive de la production locale et de lieu d’échange et de rencontres.

Quelles sont les projets pour La Mouche, en plus du prochain numéro ?

Le prochain numéro de La Mouche devait sortir ce mois-ci, sur le thème « Résiste », mais je pense que le vernissage attendra des jours meilleurs pour permettre de faire un événement festif avec du public.
Pour le reste, le projet est de continuer tant que cela fera plaisir et que des personnes souhaiteront le lire et y participer !

Des exemplaires de la mouche sont disponibles à la librairie Farenheit 451, Cumulus, Livresse, Papier Gras, dans les magasins de disques Urgence Disk et Dig It Records et dans divers lieux festifs et bars.
On peut le lire en ligne via le site web dans l’onglet « Publications » mais aussi le télécharger et l’imprimer soi-même.

Si vous souhaitez en savoir plus ou participer, il vous suffit d’envoyer un mail (lamouche@darksite.ch), ou de contacter Stéphanie via la page Facebook ou Instagram.

Par Julie Marti, publié le 17 juin 2020
Voir l’article source sur EPIC

© Moru

Le fanzine La Mouche propose depuis presque six ans de découvrir le travail d’artistes actifs dans l’illustration et le dessin. BD, caricature, dessin de presse… Le but est de regrouper et de partager le travail d’artistes locaux autour d’une thématique. Rencontre avec Stéphanie Probst, à l’initiative du trimestriel et de son manifeste.

L’artiste et photographe genevoise Stéphanie Probst a toujours apprécié les fanzines (un fanzine est une publication réalisée majoritairement par des amateurs passionnés pour d’autres passionnés, ndlr), en les collectionnant au fur et à mesure. Elle souhaitait mettre sur pied un projet qui montrerait le travail des autres artistes à travers diverses contributions.

Qu’est-ce que la Mouche ? Pourriez-vous nous présenter le projet ?

La Mouche est un journal participatif et libre, un fanzine, fondé en 2014. Il s’agit d’un projet éditorial permettant à toute personne désireuse de partager un contenu de le faire via le journal. Le premier numéro est sorti en octobre 2014 lors du Monstre festival (festival de microédition et sérigraphie à l’Usine). À l’origine, il y a le manifeste, qui se répète dans chaque numéro en première page et qui sert de fil conducteur au projet. La Mouche est collectif, horizontal, libre et à but non lucratif.

Première volume du fanzine

Pourquoi avoir lancé ce fanzine ?

En tant que photographe, j’avais parfois envie de partager un dessin, une image, quelque chose qui ne rentrait pas forcément dans ma pratique d’artiste ou de photographe. J’ai cherché un fanzine qui prendrait ces pages irrégulières mais je n’ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais en termes de fonctionnement ou de contenu. Il fallait donc en inventer un !

J’ai écrit le manifeste qui résume l’essence du fanzine : collectif, créatif, libre. J’ai rassemblé quelques personnes créatives de mon entourage et lancé l’appel à projet. Ensuite la publication s’est un peu affinée avec le temps et l’expérience. Depuis il sort tous les 3-4 mois (c’est un peu mon hobby) et je reçois toujours suffisamment de contenu pour le perpétuer. Il semble que ça continue à plaire puisque les quelques 200 exemplaires par numéro sont généralement écoulés assez vite.

Pourquoi ce nom ?

C’est une petite obsession personnelle, au départ. La mouche est un animal un peu insignifiant et pas tellement impressionnant, pourtant on en trouve partout de manière universelle. Et c’est un animal tout petit, qui peut être très agaçant et difficile à ignorer. C’est un peu l’idée que je me fais du fanzine. Ça n’a l’air de rien mais ça a un impact, ça se promène, ça se multiplie… De plus, le journal « vole » de ses propres ailes une fois que je le dépose dans les divers lieux qui le distribuent.

Quelles sont les valeurs autour de la Mouche ?

Les valeurs fondamentales du journal sont la liberté, la créativité, le partage, le respect. Un autre aspect important est le mode de diffusion, de financement et de distribution : totalement indépendant et à prix libre, sans profit. L’horizontalité est importante également. Il n’y a pas de hiérarchie, personne n’a plus de droits qu’une autre et toutes peuvent participer. La seule limite étant que je distribue de manière équitable la place de chaque création dans le journal. Tout le monde y a sa place, quel que soit son âge, sa technique, son statut. Le cadre est fixé par le manifeste, je ne prends pas plus de décisions que cela. Je pense que c’est ce qui plaît aux personnes qui le lisent : chacun y trouve son compte.

Comment sont déterminées les thématiques abordées ?

Les thématiques sont un peu choisies aléatoirement. J’essaie de traiter des thèmes un peu flous ou d’actualité. Au début il n’y en avait pas. Pour le premier numéro, les personnes qui ont participé ont spontanément joué avec le nom du fanzine : La Mouche (c’est d’ailleurs un motif récurrent !). Ensuite, j’ai voulu laisser complètement libre les participants mais j’ai constaté que cela induisait un effet « page blanche », et un certain frein à la création.

Finalement, le thème est un prétexte, on le suit si ça nous inspire, et si ça ne plaît pas, on fait autre chose. C’est une amorce pour la création, ce n’est pas un critère obligatoire. C’est un peu comme prendre une décision à pile ou face : peu importe le résultat, on sait ce que l’on veut quand on n’est pas content du choix final.

Comment se passe la sélection des œuvres ? Qui peut participer ?

Tout le monde peut participer ! Il n’y a pas de sélection, pas de censure. Je prends tout ce que l’on m’envoie et j’essaie de trouver un équilibre et une cohérence entre chaque personne au fil des pages pour faire un journal. La mise en page est une sorte de puzzle à résoudre, un travail de collage, de narration. Je dis parfois que je « tricote » tout ça ensemble. Selon la quantité de pages que je reçois, il faut parfois faire des choix. Une nouvelle ou une BD ne peut pas toujours être raccourcie mais si quelqu’un m’envoie dix pages d’illustrations, on va en choisir une à trois selon la quantité de pages disponibles. Il faut aussi trouver un équilibre pour donner la même place à chacune et chacun. Je suggère parfois celles qui me plaisent mais je laisse toujours la personne prendre la décision finale, c’est un dialogue.
Au départ on m’a mise en garde : « on va t’envoyer des contenus limites, des choses provocantes »… mais ce n’est jamais arrivé !

© Dick Hollywood

Si je reçois des contenus haineux ou discriminants, j’aurais évidemment un problème à les publier. À ce moment-là, j’essaierais de dialoguer mais j’ai aussi rédigé une charte éthique à laquelle je pourrais recourir si besoin. Je préfère laisser la liberté plutôt que d’interdire. Si on veut participer, je pars du principe que chacune et chacun proposera son meilleur.

Vous faites aussi des vernissages à chaque parution, est-ce un moyen de mettre en relation les différent.e.s contributeur.trice.s ?

Les vernissages servent aussi à financer le journal, d’une part, et de rassembler les contributrices et les contributeurs d’autre part. Moi-même je reçois souvent des mails de personnes que je ne connais pas et cela fait plaisir de pouvoir se rencontrer en chair et en os. J’aime rassembler les gens : les personnes se côtoyant dans les pages du journal vont pouvoir se rencontrer, discuter et pourquoi pas commencer à collaborer hors La Mouche. C’est aussi un moyen de remercier les gens qui m’envoient des contenus sans contrepartie et de faire rencontrer la publication et son public.

Les vernissages se déroulent dans des lieux que j’aime et j’essaie de les organiser à des endroits différents à chaque fois. Librairies, bars, magasins de disques, lieux alternatifs, galeries… ça permet de faire venir les gens dans pleins d’endroits cool. En plus du vernissage, j’invite un ou plusieurs artistes à jouer ou passer des disques et si le lieu le permet on fait aussi des expos collectives où les artistes peuvent présenter leur travail. Cela a l’avantage de donner plusieurs bonnes raisons de venir à l’événement. On discute, on boit un verre, on danse et on repart avec son journal à prix libre.

© Ariane Goetz

J’ai vu votre projet de Fanzinothèque, est-ce que vous pourriez en dire plus ?

Il y a quatre ans, je me suis réorientée professionnellement et j’ai entamé un diplôme de spécialiste en information documentaire. Comme j’ai un premier métier artistique, c’est tout naturellement que j’ai eu envie de développer un projet de bibliothèque avec comme matériau les livres d’artistes et les fanzines. Il y a peu d’initiatives dans ce sens en Suisse et j’ai donc travaillé sur ce sujet pour mon mémoire. Pour le moment il ne s’agit que d’un fonds privé (ma bibliothèque), d’une page Facebook et d’un Instagram ou je recense les parutions, les achats, les événements en lien avec les fanzines et la microédition en général.

Je suis en train de cataloguer de manière professionnelle ma collection et je souhaite la rendre disponible ponctuellement et sous la forme d’un catalogue en ligne. C’est un work in progress mais j’espère qu’à terme je pourrai débloquer une aide pour ouvrir un lieu autonome et convivial dédié aux fanzines. Cette collection tiendrait lieu d’archive de la production locale et de lieu d’échange et de rencontres.

Quelles sont les projets pour La Mouche, en plus du prochain numéro ?

Le prochain numéro de La Mouche devait sortir ce mois-ci, sur le thème « Résiste », mais je pense que le vernissage attendra des jours meilleurs pour permettre de faire un événement festif avec du public.
Pour le reste, le projet est de continuer tant que cela fera plaisir et que des personnes souhaiteront le lire et y participer !

Des exemplaires de la mouche sont disponibles à la librairie Farenheit 451, Cumulus, Livresse, Papier Gras, dans les magasins de disques Urgence Disk et Dig It Records et dans divers lieux festifs et bars.
On peut le lire en ligne via le site web dans l’onglet « Publications » mais aussi le télécharger et l’imprimer soi-même.

Si vous souhaitez en savoir plus ou participer, il vous suffit d’envoyer un mail (lamouche@darksite.ch), ou de contacter Stéphanie via la page Facebook ou Instagram.

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