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[Portraits associatifs N°4] Compagnie Esperluette

Publié par
EPIC-Magazine

Par Clément Bourdin, publié le 27 mars 2021
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En partenariat avec la plateforme À nous de jouer ! dédiée à l’engagement des jeunes, EPIC te propose sa série Portraits associatifs. Jusqu’à l’été 2021, découvre chaque mois et demi une association, les personnes qui s’y engagent pour faire vivre la culture locale et les valeurs qu’elles défendent. Ce mois-ci, c’est une compagnie artistique qui nous présente ses activités associatives : rencontre avec le comité de la Compagnie Esperluette.

Description générale

Depuis combien de temps faites-vous partie de la Compagnie Esperluette et comment avez-vous rejoint l’association ?

Aurélie Wolhauser (AW) : J’ai fondé la compagnie Esperluette en 2018 pour mon travail de maturité dans lequel je réalisais une comédie lyrique. Pour ce faire, j’avais besoin de fonder une association avec une autre personne. C’est là que je me suis tourné vers mon amie Emma. Après la création officielle de l’association, on a organisé tout le spectacle en fin d’année scolaire. Comme tout s’était bien passé et qu’on a eu des supers retours, on a décidé de poursuivre l’aventure avec une équipe plus grande pour organiser de nouveaux spectacles.

Emma Brawand (EB) : Avec Aurélie, on se connait depuis qu’on a 7 ou 8 ans. On a un parcours musical commun, on a chanté au sein de la Maîtrise du Conservatoire Populaire jusqu’à nos 16 ans et étions dans le même collège pendant nos études. Quand en mars 2018 elle m’a parlé de son idée de TM, je ne pensais pas que ça prendrait une dimension aussi grande après 3 ans !

Anthony Paccot (AP) : Pour ma part j’ai participé au travail de matu d’Aurélie en 2018 car je connaissais un de ses amis. Aurélie avait besoin de chanteurs, j’ai donc pris le rôle de Figaro avec grand plaisir. Après le spectacle, on m’a proposé de rejoindre le nouveau comité.

Quels sont les buts et les valeurs de votre association ?

AW : Notre association a pour but la promotion de la musique classique. On souhaite rendre les mondes de la musique classique et de l’opéra plus accessibles. Souvent ces deux domaines n’attirent pas beaucoup le jeune public. De plus, le prix des entrées est souvent élevé et décourageant pour les jeunes. C’est pourquoi nos spectacles fonctionnent selon le principe du prix libre, avec chapeau à la sortie.

AP : Un autre de nos buts est d’offrir la possibilité de faire de la scène à des jeunes (entre 15 et 25 ans) ayant peu d’expérience dans le chant sur scène. Dans le contexte genevois, il n’existe que très peu d’offres en la matière pour et par ce public. Selon nous, l’expérience que tu peux avoir en cours avec un·e professeur·e est très différente de l’expérience que tu acquiers sur la scène. Mais ces expériences sont complémentaires et nous permettent d’être des artistes accomplis.

AW : C’est sûr ! Il faut se rendre compte qu’il est vraiment difficile pour les jeunes de faire de la scène. Souvent, les gens pensent qu’en tant que jeune, on n’est pas sérieux et on ne fait pas du bon travail. Or, elles·ils peuvent aussi apporter leur touche à un spectacle ! Chacun de nos projets réunis des jeunes de niveau varié, allant des étudiant·es dans les conservatoires aux professionel·les, ce qui a pour effet de tirer la qualité du spectacle vers le haut. La Compagnie Esperluette offre une voie intermédiaire, mais avec tout de même un niveau relativement haut.

EB : Enfin, nous tenons faire de la musique entre ami·e·s, tout en gardant un côté professionnel dans notre démarche. De plus, le respect est une valeur qui nous est chère. Le respect entre tous les membres du projet, entre et avec le comité, bref, le respect de toutes celles et ceux qui s’investissent dans la compagnie.

© Cambyse Tabatabay

Fonctionnement

Comment fonctionnez-vous en tant qu’association ?

AW : L’association est actuellement constituée d’une trentaine de membres, avec un comité de quatre personnes. Peut être membre toute personne qui participe à un projet avec la compagnie dans un intervalle d’un an. Nous avons une assemblée générale (AG) par année, et parfois une AG extraordinaire en plus selon nos besoins. Nous ne demandons aucune cotisation aux membres, qui sont défrayés lors des événements.

EB : Durant la première année, on avait beaucoup de discussions sur la direction de l’association et sa programmation. On est toujours ouverts aux suggestions, les membres ont leur mot à dire, notamment lors de l’AG.

AP : Lors des AG, on annonce les futurs projets de la compagnie. Les membres de l’associations peuvent donc connaître ce qu’il se passera la saison prochaine et partager leurs suggestions afin d’enrichir nos projets.

AW : Au tout début de l’association, quand on a fait la première AG, il n’y avait quasi personne. Mais désormais, presque tous les membres viennent et votent. Il y a eu un changement dans les mentalités, on sent les gens plus intéressé·e·s.

EB : Les gens sont venus progressivement, elles·ils se sont rendu·e·s compte au fur et à mesure que leurs idées étaient prises en compte, par exemple pour le sujet d’un prochain spectacle. Les membres voient en la compagnie un organe associatif grâce auquel elles/ils peuvent réaliser leurs projets.

Quel est le budget annuel de l’association ?

AW : Lors d’une saison « normale », on a environ deux gros spectacles, voire trois suivant nos collaborations ponctuelles. Le budget du spectacle dépendra de sa nature ainsi que de la salle qui devra être louée pour l’occasion. En moyenne, un spectacle coûte entre 8’000 et 15’000 CHF.

Êtes-vous à la recherche de membres ?

EB : Oui. En général, c’est nous qui allons chercher les gens à travers notre réseau en fonction des besoins du spectacle prévu.

AP : Mais on prend également les personnes qui se proposent, même avec un niveau débutant. On peut tout à fait « mettre à niveau » les nouvelles personnes. Moi par exemple je me fais un plaisir de donner des cours de chant et de piano s’il le faut.

© Compagnie Esperluette

Engagement

Pourquoi vous êtes-vous organisés sous la forme d’une association ?

AW : C’était avant tout pour faire les demandes de fonds, car il n’est pas possible de recevoir des subventions sans être une association. Mais je me suis rendu compte que s’organiser sous la forme d’une association facilitait plein d’autres choses : toutes les tâches ne reposent pas sur une seule personne, on peut échanger nos idées artistiques, développer une « identité », et cela fait bien plus pro !

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un·e jeune qui hésite à s’engager dans une association culturelle ?

AW : Il faut tout simplement se lancer, oser y aller. En tant que jeune, c’est le moment de le faire car on a du temps à disposition. Au sein d’une association, on rencontre des personnes incroyables. On réalise des projets avec des gens qui partagent une passion commune et on tisse des liens intenses : lors d’un projet, on vit quasiment ensemble pendant quelques semaines C’est d’autant plus le cas quand on fait de la musique : il y a quelque chose de très fort émotionnellement de se retrouver et chanter avec une autre personne.

EB : Le monde associatif, c’est un peu comme une modélisation du monde du travail. On y apprend comment travailler en équipe, comment faire confiance aux autres, etc., c’est très enrichissant d’un point de vue personnel. En plus, on rencontre des personnes qu’on n’aurait pas forcément rencontré autrement, et on découvre souvent d’autres intérêts communs en dehors de la musique. Mon conseil serait surtout de ne pas trop réfléchir au moment de s’engager : si j’avais sur le temps que ça prenait, je ne me serais peut-être pas engagée (rire).

AP : De mon côté j’encouragerais les jeunes à s’engager car je trouve que participer à une association, c’est un très bon moyen d’apprendre ce dont on est capable de faire et de déterminer où se trouvent nos limites et souvent d’être surpris par nos capacités insoupçonnées.

Quels sont les défis dans une association de manière générale ? Et plus particulièrement au sein de votre compagnie ?

AW : Il faut être clair : le plus souvent, le défi le plus grand pour une association est celui de l’argent. Quand on est dans l’attente d’une réponse pour des subventions, on se pose énormément de questions du genre « que faire si on ne peut pas défrayer les artistes ? » ou « le spectacle pourra-t-il vraiment avoir lieu ? ». C’est très stressant, mais fort heureusement, on ne s’est jamais retrouvé dans une situation où l’argent manquait.

EB : En dehors de l’argent, un des grands défis par lesquels nous sommes passés était de savoir dans quelle direction mener l’association. Après les trois ou quatre premiers projets réalisés, qui furent tous des succès, on s’est demandé « qu’est-ce qu’on fait maintenant pour ne pas décliner ? Est-ce qu’on est prêt·e à s’investir sur le long terme ? Comment garder notre public, innover dans nos spectacles, tout en gardant du plaisir dans ce qu’on fait ? ». Ce sont ce genre de questions par lesquelles beaucoup d’associations doivent passer.

AW : Comme pour d’autres association dans le domaine du théâtre ou de la danse, nous faisons face en plus à un défi logistique. Comme nous n’avons pas de local, nous devons trouver des salles de répétition pour préparer nos spectacles. Et il nous faut des espaces qui font la taille d’une scène et qui ont un piano, ce genre de salle est difficile à trouver.

© Compagnie Esperluette

Le domaine du spectacle


Comment vous y prenez-vous pour monter un spectacle ? Par quelles étapes passez-vous ?

AP : Tout d’abord, chacun·e au sein du comité réfléchit à un projet, en fonction de ses idées et de celles évoquées par les membres lors des événements ou de l’AG. Ensuite, on organise une réunion de comité lors de laquelle chacun·e vend son projet. Puis, on débriefe et on choisit les projets qui semblent les plus réalisables sur l’instant et dont on pense qu’ils vont plaire.

EB : Une fois le projet choisi, on regarde pour déjà fixer des dates, trouver un lieu et déterminer le nombre de participant·e·s au projet. Au sein du comité, on se partage les rôles au feeling et en fonction de nos habitudes : tout ce qui a trait à l’argent, c’est plutôt Aurélie, les décors c’est Anthony et moi je m’occupe, entre autres, de la communication.

AW : Ensuite, on commence à écrire la pièce ou à faire les adaptations si c’est une pièce qui existe déjà. En parallèle, on se met à la recherche des personnes qui pourront jouer les rôles prévus, ainsi que d’une salle. Quand les dates du spectacle sont posées, que les gens sont trouvés et que le lieu est réservé, on commence alors à chercher les fonds.

AP : Ensuite, on travaille sur les décors et les costumes. On répète à fond la musique et tout l’aspect scénique. Les répétitions doivent avoir lieu relativement proche des dates de spectacles, on ne peut pas se permettre de répéter trois semaines avant les dates fixées, car la salle est la plus grosse partie du budget, et on doit la réserver déjà la semaine précédant les jours de concerts.

AW : Quand le spectacle commence à tenir, on répète encore, on ajoute les lumières et on fait des répétitions en costume et avec le maquillage. C’est le moment aussi de prendre des photos et de faire de la communication pour inciter les gens à venir. Puis vient le moment du spectacle. Une fois que les représentations sont finies, il faut encore tout ranger, faire le ménage et rendre les clefs.

EB : Quelques jours plus tard, on se retrouve pour faire le compte-rendu du spectacle. On est bien claqué·e·s mais ça vaut la peine !

Quelles sont les priorités de l’association dans un futur proche ? Et dans un futur plus lointain ?

AP : Passer de presque un projet tous les deux mois à plus rien du tout pendant un an, ça fait vraiment bizarre. Durant le premier confinement il y a un an, on voulait proposer des choses à notre public sur les réseaux sociaux : on a fait une série de 18 vidéos dans laquelle on chantait un cahier de Brahms entier, mais on n’a pas fait plus. Cependant, entre les deux vagues, on a même eu la chance de pouvoir organiser un spectacle. Mais ces temps, on fait du sur place, on a l’impression d’avoir nos lacets noués, d’être en train de tomber et de rien pouvoir faire contre, tout en ne sachant pas quand on frappera le sol…

EB : C’est dur de se projeter, dur d’anticiper comment on va redémarrer. On ne sait pas comment on va retrouver l’aspect social au sein de l’association. Avant, on était super proches, on se voyait presque chaque semaine pour discuter des idées de projet, et là, on a fait que deux réunions depuis octobre. On ne sait pas si on va pouvoir recommencer au même rythme…

AW : Dans tous les cas, on espère recommencer à faire des spectacles dès que possible. Dans un futur proche, on aimerait également intensifier nos collaborations avec d’autres associations, par exemple avec la Tragédie pour l’organisation de spectacle.

EB : On a beaucoup à gagner à collaborer avec d’autres associations, car on peut voir comment cela fonctionne ailleurs et apprendre à s’améliorer. Dans les faits, on sait qu’on peut encore progresser en se simplifiant la vie sur beaucoup de choses, notamment dans l’organisation en amont du spectacle.

AW : Dans un futur que j’espère pas trop lointain, on aimerait faire des événements de grande ampleur en étant plus détendu·e·s. On va maintenant étudier dans quelle direction se diriger pour proposer un répertoire de musique classique qui soit assez original mais qui attire tout de même du public.

Pour suivre la compagnie, rendez-vous sur leur page À nous de jouer, Facebook, Instagram, Youtube ainsi que sur le site.

Par Clément Bourdin, publié le 27 mars 2021
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En partenariat avec la plateforme À nous de jouer ! dédiée à l’engagement des jeunes, EPIC te propose sa série Portraits associatifs. Jusqu’à l’été 2021, découvre chaque mois et demi une association, les personnes qui s’y engagent pour faire vivre la culture locale et les valeurs qu’elles défendent. Ce mois-ci, c’est une compagnie artistique qui nous présente ses activités associatives : rencontre avec le comité de la Compagnie Esperluette.

Description générale

Depuis combien de temps faites-vous partie de la Compagnie Esperluette et comment avez-vous rejoint l’association ?

Aurélie Wolhauser (AW) : J’ai fondé la compagnie Esperluette en 2018 pour mon travail de maturité dans lequel je réalisais une comédie lyrique. Pour ce faire, j’avais besoin de fonder une association avec une autre personne. C’est là que je me suis tourné vers mon amie Emma. Après la création officielle de l’association, on a organisé tout le spectacle en fin d’année scolaire. Comme tout s’était bien passé et qu’on a eu des supers retours, on a décidé de poursuivre l’aventure avec une équipe plus grande pour organiser de nouveaux spectacles.

Emma Brawand (EB) : Avec Aurélie, on se connait depuis qu’on a 7 ou 8 ans. On a un parcours musical commun, on a chanté au sein de la Maîtrise du Conservatoire Populaire jusqu’à nos 16 ans et étions dans le même collège pendant nos études. Quand en mars 2018 elle m’a parlé de son idée de TM, je ne pensais pas que ça prendrait une dimension aussi grande après 3 ans !

Anthony Paccot (AP) : Pour ma part j’ai participé au travail de matu d’Aurélie en 2018 car je connaissais un de ses amis. Aurélie avait besoin de chanteurs, j’ai donc pris le rôle de Figaro avec grand plaisir. Après le spectacle, on m’a proposé de rejoindre le nouveau comité.

Quels sont les buts et les valeurs de votre association ?

AW : Notre association a pour but la promotion de la musique classique. On souhaite rendre les mondes de la musique classique et de l’opéra plus accessibles. Souvent ces deux domaines n’attirent pas beaucoup le jeune public. De plus, le prix des entrées est souvent élevé et décourageant pour les jeunes. C’est pourquoi nos spectacles fonctionnent selon le principe du prix libre, avec chapeau à la sortie.

AP : Un autre de nos buts est d’offrir la possibilité de faire de la scène à des jeunes (entre 15 et 25 ans) ayant peu d’expérience dans le chant sur scène. Dans le contexte genevois, il n’existe que très peu d’offres en la matière pour et par ce public. Selon nous, l’expérience que tu peux avoir en cours avec un·e professeur·e est très différente de l’expérience que tu acquiers sur la scène. Mais ces expériences sont complémentaires et nous permettent d’être des artistes accomplis.

AW : C’est sûr ! Il faut se rendre compte qu’il est vraiment difficile pour les jeunes de faire de la scène. Souvent, les gens pensent qu’en tant que jeune, on n’est pas sérieux et on ne fait pas du bon travail. Or, elles·ils peuvent aussi apporter leur touche à un spectacle ! Chacun de nos projets réunis des jeunes de niveau varié, allant des étudiant·es dans les conservatoires aux professionel·les, ce qui a pour effet de tirer la qualité du spectacle vers le haut. La Compagnie Esperluette offre une voie intermédiaire, mais avec tout de même un niveau relativement haut.

EB : Enfin, nous tenons faire de la musique entre ami·e·s, tout en gardant un côté professionnel dans notre démarche. De plus, le respect est une valeur qui nous est chère. Le respect entre tous les membres du projet, entre et avec le comité, bref, le respect de toutes celles et ceux qui s’investissent dans la compagnie.

© Cambyse Tabatabay

Fonctionnement

Comment fonctionnez-vous en tant qu’association ?

AW : L’association est actuellement constituée d’une trentaine de membres, avec un comité de quatre personnes. Peut être membre toute personne qui participe à un projet avec la compagnie dans un intervalle d’un an. Nous avons une assemblée générale (AG) par année, et parfois une AG extraordinaire en plus selon nos besoins. Nous ne demandons aucune cotisation aux membres, qui sont défrayés lors des événements.

EB : Durant la première année, on avait beaucoup de discussions sur la direction de l’association et sa programmation. On est toujours ouverts aux suggestions, les membres ont leur mot à dire, notamment lors de l’AG.

AP : Lors des AG, on annonce les futurs projets de la compagnie. Les membres de l’associations peuvent donc connaître ce qu’il se passera la saison prochaine et partager leurs suggestions afin d’enrichir nos projets.

AW : Au tout début de l’association, quand on a fait la première AG, il n’y avait quasi personne. Mais désormais, presque tous les membres viennent et votent. Il y a eu un changement dans les mentalités, on sent les gens plus intéressé·e·s.

EB : Les gens sont venus progressivement, elles·ils se sont rendu·e·s compte au fur et à mesure que leurs idées étaient prises en compte, par exemple pour le sujet d’un prochain spectacle. Les membres voient en la compagnie un organe associatif grâce auquel elles/ils peuvent réaliser leurs projets.

Quel est le budget annuel de l’association ?

AW : Lors d’une saison « normale », on a environ deux gros spectacles, voire trois suivant nos collaborations ponctuelles. Le budget du spectacle dépendra de sa nature ainsi que de la salle qui devra être louée pour l’occasion. En moyenne, un spectacle coûte entre 8’000 et 15’000 CHF.

Êtes-vous à la recherche de membres ?

EB : Oui. En général, c’est nous qui allons chercher les gens à travers notre réseau en fonction des besoins du spectacle prévu.

AP : Mais on prend également les personnes qui se proposent, même avec un niveau débutant. On peut tout à fait « mettre à niveau » les nouvelles personnes. Moi par exemple je me fais un plaisir de donner des cours de chant et de piano s’il le faut.

© Compagnie Esperluette

Engagement

Pourquoi vous êtes-vous organisés sous la forme d’une association ?

AW : C’était avant tout pour faire les demandes de fonds, car il n’est pas possible de recevoir des subventions sans être une association. Mais je me suis rendu compte que s’organiser sous la forme d’une association facilitait plein d’autres choses : toutes les tâches ne reposent pas sur une seule personne, on peut échanger nos idées artistiques, développer une « identité », et cela fait bien plus pro !

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un·e jeune qui hésite à s’engager dans une association culturelle ?

AW : Il faut tout simplement se lancer, oser y aller. En tant que jeune, c’est le moment de le faire car on a du temps à disposition. Au sein d’une association, on rencontre des personnes incroyables. On réalise des projets avec des gens qui partagent une passion commune et on tisse des liens intenses : lors d’un projet, on vit quasiment ensemble pendant quelques semaines C’est d’autant plus le cas quand on fait de la musique : il y a quelque chose de très fort émotionnellement de se retrouver et chanter avec une autre personne.

EB : Le monde associatif, c’est un peu comme une modélisation du monde du travail. On y apprend comment travailler en équipe, comment faire confiance aux autres, etc., c’est très enrichissant d’un point de vue personnel. En plus, on rencontre des personnes qu’on n’aurait pas forcément rencontré autrement, et on découvre souvent d’autres intérêts communs en dehors de la musique. Mon conseil serait surtout de ne pas trop réfléchir au moment de s’engager : si j’avais sur le temps que ça prenait, je ne me serais peut-être pas engagée (rire).

AP : De mon côté j’encouragerais les jeunes à s’engager car je trouve que participer à une association, c’est un très bon moyen d’apprendre ce dont on est capable de faire et de déterminer où se trouvent nos limites et souvent d’être surpris par nos capacités insoupçonnées.

Quels sont les défis dans une association de manière générale ? Et plus particulièrement au sein de votre compagnie ?

AW : Il faut être clair : le plus souvent, le défi le plus grand pour une association est celui de l’argent. Quand on est dans l’attente d’une réponse pour des subventions, on se pose énormément de questions du genre « que faire si on ne peut pas défrayer les artistes ? » ou « le spectacle pourra-t-il vraiment avoir lieu ? ». C’est très stressant, mais fort heureusement, on ne s’est jamais retrouvé dans une situation où l’argent manquait.

EB : En dehors de l’argent, un des grands défis par lesquels nous sommes passés était de savoir dans quelle direction mener l’association. Après les trois ou quatre premiers projets réalisés, qui furent tous des succès, on s’est demandé « qu’est-ce qu’on fait maintenant pour ne pas décliner ? Est-ce qu’on est prêt·e à s’investir sur le long terme ? Comment garder notre public, innover dans nos spectacles, tout en gardant du plaisir dans ce qu’on fait ? ». Ce sont ce genre de questions par lesquelles beaucoup d’associations doivent passer.

AW : Comme pour d’autres association dans le domaine du théâtre ou de la danse, nous faisons face en plus à un défi logistique. Comme nous n’avons pas de local, nous devons trouver des salles de répétition pour préparer nos spectacles. Et il nous faut des espaces qui font la taille d’une scène et qui ont un piano, ce genre de salle est difficile à trouver.

© Compagnie Esperluette

Le domaine du spectacle


Comment vous y prenez-vous pour monter un spectacle ? Par quelles étapes passez-vous ?

AP : Tout d’abord, chacun·e au sein du comité réfléchit à un projet, en fonction de ses idées et de celles évoquées par les membres lors des événements ou de l’AG. Ensuite, on organise une réunion de comité lors de laquelle chacun·e vend son projet. Puis, on débriefe et on choisit les projets qui semblent les plus réalisables sur l’instant et dont on pense qu’ils vont plaire.

EB : Une fois le projet choisi, on regarde pour déjà fixer des dates, trouver un lieu et déterminer le nombre de participant·e·s au projet. Au sein du comité, on se partage les rôles au feeling et en fonction de nos habitudes : tout ce qui a trait à l’argent, c’est plutôt Aurélie, les décors c’est Anthony et moi je m’occupe, entre autres, de la communication.

AW : Ensuite, on commence à écrire la pièce ou à faire les adaptations si c’est une pièce qui existe déjà. En parallèle, on se met à la recherche des personnes qui pourront jouer les rôles prévus, ainsi que d’une salle. Quand les dates du spectacle sont posées, que les gens sont trouvés et que le lieu est réservé, on commence alors à chercher les fonds.

AP : Ensuite, on travaille sur les décors et les costumes. On répète à fond la musique et tout l’aspect scénique. Les répétitions doivent avoir lieu relativement proche des dates de spectacles, on ne peut pas se permettre de répéter trois semaines avant les dates fixées, car la salle est la plus grosse partie du budget, et on doit la réserver déjà la semaine précédant les jours de concerts.

AW : Quand le spectacle commence à tenir, on répète encore, on ajoute les lumières et on fait des répétitions en costume et avec le maquillage. C’est le moment aussi de prendre des photos et de faire de la communication pour inciter les gens à venir. Puis vient le moment du spectacle. Une fois que les représentations sont finies, il faut encore tout ranger, faire le ménage et rendre les clefs.

EB : Quelques jours plus tard, on se retrouve pour faire le compte-rendu du spectacle. On est bien claqué·e·s mais ça vaut la peine !

Quelles sont les priorités de l’association dans un futur proche ? Et dans un futur plus lointain ?

AP : Passer de presque un projet tous les deux mois à plus rien du tout pendant un an, ça fait vraiment bizarre. Durant le premier confinement il y a un an, on voulait proposer des choses à notre public sur les réseaux sociaux : on a fait une série de 18 vidéos dans laquelle on chantait un cahier de Brahms entier, mais on n’a pas fait plus. Cependant, entre les deux vagues, on a même eu la chance de pouvoir organiser un spectacle. Mais ces temps, on fait du sur place, on a l’impression d’avoir nos lacets noués, d’être en train de tomber et de rien pouvoir faire contre, tout en ne sachant pas quand on frappera le sol…

EB : C’est dur de se projeter, dur d’anticiper comment on va redémarrer. On ne sait pas comment on va retrouver l’aspect social au sein de l’association. Avant, on était super proches, on se voyait presque chaque semaine pour discuter des idées de projet, et là, on a fait que deux réunions depuis octobre. On ne sait pas si on va pouvoir recommencer au même rythme…

AW : Dans tous les cas, on espère recommencer à faire des spectacles dès que possible. Dans un futur proche, on aimerait également intensifier nos collaborations avec d’autres associations, par exemple avec la Tragédie pour l’organisation de spectacle.

EB : On a beaucoup à gagner à collaborer avec d’autres associations, car on peut voir comment cela fonctionne ailleurs et apprendre à s’améliorer. Dans les faits, on sait qu’on peut encore progresser en se simplifiant la vie sur beaucoup de choses, notamment dans l’organisation en amont du spectacle.

AW : Dans un futur que j’espère pas trop lointain, on aimerait faire des événements de grande ampleur en étant plus détendu·e·s. On va maintenant étudier dans quelle direction se diriger pour proposer un répertoire de musique classique qui soit assez original mais qui attire tout de même du public.

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